dimanche 12 juillet 2015

Lectures thématiques...

Depuis quelques mois, mes lectures s'enchaînent plus ou moins au hasard des rencontres et des coups de cœur mais une thématique revient invariablement : la Seconde Guerre Mondiale... Quand on me connaît un peu, on est forcément surpris : je ne retiens ni les noms, ni les dates et j'ai une vision très globale de l'Histoire avec un grand H... Vraiment très globale...

Pourtant, au fil de mes lectures, je commence à me forger une idée un peu plus complète du climat géo-politique de ce début du XXème siècle. Et je me dis définitivement que rien n'est simple, et que s'il est si facile de juger aujourd'hui, je ne sais définitivement pas comment j'aurais subi ces événements à l'époque...




La part de l'autre d'Eric-Emmanuel Schmitt m'a beaucoup plu. On suit en parallèle deux histoires opposées, celle d'Adolph H., accepté à l'Ecole des Beaux-Arts de Vienne et celle d'Hitler, refusé à ce même concours. Si les chapitres sur Hitler sont en partie romancés (beaucoup d'interprétations personnelles de la part de l'auteur, mais qui souvent me semblent assez cohérentes...), j'ai appris énormément de choses sur la vie de cet homme, sa jeunesse misérable et sa montée au pouvoir qui reste surprenante à mes yeux. Les chapitres sur Adolph H. donnent un peu de légèreté au récit et le personnage est étonnamment attachant... L'intervention de Freud en sauveur du monde fait un peu sourire mais c'était une facilité historique que l'auteur reconnaît s'être autorisé. Un coup de cœur...

Hanns et Rudolf de Thomas Harding n'est pas un thriller comme le sous-entend le bandeau et sa citation de John Le Carré mais un véritable compte-rendu historique (archives, photos, correspondances...) des vies de Rudolf Höss, chef de camp d'Auschwitz et Hanns Alexander, issu d'une riche famille juive allemande immigrée en Angleterre au moment de la Seconde Guerre Mondiale et qui finira par capturer Rudolf Höss. 
Lu dans le cadre de la Bibliothèque Orange, j'ai fini le livre sur une véritable sensation de malaise. Le destin de Rudolf Höss est vraiment étonnant et, comme dans l'uchronie d'Eric-Emmanuel Schmidt, on se dit qu'il aurait suffi d'un rien pour que cet homme sans histoire, reconnu responsable de l'anéantissement de plusieurs millions de personnes, reste étranger à cette guerre. Ce qui m'a perturbé le plus au cours de ma lecture, c'est cette sensation que Rudolf Höss s'est "juste" laissé emporter par l'Histoire, dépassé par des événements plus puissants que lui, confronté à des situations où il a fait "au mieux" pour répondre aux ordres qui lui étaient donnés. J'ai pleinement conscience de l'horreur de mes propos... Mais, pour moi, il n'est qu'un mouton, un peu trop efficace, parmi les autres moutons que comptait l'organisation nazie. Quant à Hanns Alexander, à l'issu du récit, il ne m'est même pas sympathique et je trouve ça terrible... On a tellement envie que ces événements soient en noir et blanc, mais il n'en est rien et si Rudolf Höss a, de par le nombre de morts, sans aucun doute mérité son sort, je ne peux m'enlever de l'idée qu'il n'est qu'un homme comme un autre et non un psychopathe monstrueux comme on souhaiterait nous le présenter a posteriori. Et ça fait presque qu'encore plus froid dans le dos... Un documentaire d'une grande richesse, qui laisse donc une part aux interprétations personnelles car vous n'arriverez peut-être pas aux mêmes conclusions que moi à l'issu de cette lecture.

Louise et Juliette de Catherine Servan-Schreiber raconte l'histoire de deux sœurs dans les années de guerre, l'une ayant épousé un juif, l'autre un préfet de Vichy. La richesse de l'histoire tient également, à mon sens, au non-choix qu'impose la guerre. Si je suis sûre d'une chose aujourd'hui, c'est que je n'ai aucune idée du camp que j'aurais choisi en 39-45, malgré la force de mes convictions personnelles à l'heure actuelle !

Bonnes lectures.

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